Introduction

LE DÉFI D’UN NOUVEAU MONDE

 

« La crise, écrivait le penseur révolutionnaire italien Antonio Gramsci, est ce qui sépare l’ancien du neuf. » Nous y sommes. Rien ne sera plus comme avant. La crise qui s’est déclenchée voilà déjà presque une dizaine d’années oblige à des remises en cause profondes qui ne sont hélas pas venues. Depuis 2008, l’entreprise, comme du reste la plupart des institutions, a voulu croire qu’il ne s’agissait que d’un accident de parcours, une tempête passagère, exigeant tout au plus de faire le dos rond en attendant que la croissance revienne et que tout redevienne comme avant…

Il faut pourtant se détromper. En 2008, c’est tout un monde d’illusions qui s’est dissipé révélant les béances d’une crise non seulement financière mais économique, sociale, politique et morale. Face à ce vertige il serait vain de vouloir se raccrocher aux repères et aux certitudes d’hier. Un monde nouveau est en train de naître sous nos yeux : celui de la mondialisation malheureuse. Il est porteur de défis, de compétitions et même d’affrontements qui ne pourront être relevés sans de nouvelles visions, de nouveaux projets et de nouvelles valeurs.

Ce tourbillon concerne tous les citoyens et tous les décideurs. Mais il concerne probablement plus encore les managers tant le monde du travail se retrouve au cœur de toutes les mutations et de tous les enjeux qui traversent aujourd’hui nos sociétés. Par chance ces hommes et ces femmes sont probablement les mieux armés pour affronter ce nouveau monde. Depuis des années déjà, ils ont pu mesurer le basculement qui s’est produit. Ils ont affronté les difficultés et se sont confrontés au réel.

A travers ce livre, j’ai voulu d’abord m’adresser à eux et aussi me faire leur porte-parole. Au fil de ma carrière, j’ai en effet acquis une conviction : les managers représentent, par leur réalisme, leur courage, leur modestie et leur détermination une élite qui s’ignore. Mon objectif n’est certainement pas de leur faire la leçon et encore moins de leur transmettre des recettes managériales éculées. Il est à la fois plus modeste et plus ambitieux. Je veux, en échangeant avec eux, les inciter à ne plus se laisser enfermer dans les process de leurs sociétés et dans le prêt-à-penser de la société.

 

En livrant à ces hommes et ces femmes d’entreprise des réflexions nées sur la ligne de front qu’est devenue l’entreprise, je souhaite les aider à s’émanciper pleinement des liens corrompus qui les entravent. Je n’espère qu’une chose : qu’ils se libèrent et donnent leur pleine mesure au service de leurs entreprises mais aussi de la société tout entière car le monde qui vient a un grand besoin de cette véritable élite née au feu de la guerre économique.